mardi 1 février 2011

Idylle vénitienne.(12)Les larmes inopportunes


Albert BESNARD
 
Elle est venue.
Je l'attendais sur le seuil du palazzino ,
avec une rose à la main et un baiser à la bouche.
-Cara! Cara purissima mia!
-Je tremble...haletait-elle;voyez...voyez comme je tremble!
Et elle a eu peur du divan  et s 'est assise dans un fauteuil.

***
Cependant, pour laisser mes doigts trouver, parmi les frisons de sa nuque, le fermoir de son rang de perles, 
et dégrafer son corsage, elle a baissé la tête.

Mais, ensuite, elle s'est mise à rougir, 
à croiser les jambes, à pleurer... 
-Pas encore! sanglotait-elle.Non! pas aujourd'hui! Pas encore!
Ce soir-là, mes lèvres ont passé leur temps, tout leur temps, à effacer la trace de ses larmes, sur ses joues,
sur son cou, sur sa gorge

Gabriel SOULAGES


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