dimanche 15 mai 2011

Idylle vénitienne.Intermezzo.NOCTURNE


Louis Abel-Truchet


 NOCTURNE

Autour de la serenata,-parmi la buée rose et bleue qu'exhalent, frêles encensoirs de papier, les lanternes vacillantes,-les proues altières attendent immobiles...Tout se tait...seuls, par moment le froufrou d'un éventail..le murmure d'une robe étroite qu'un bas de soie frôle en, dedans...le bruit furtif d'un baiser sur la nacre d'un cou de femme...


Luis Muntane Muns


Avertie et Floche sont là, et cette amante que M.de Régnier a faite si peureuse et si triste, et Antonia de Moldère, et celle pour qui je soupire,- alanguies sur les coussins de plumes, la tête renversée, les bras morts, et l'âme toute grande ouverte.

- " L'Altalena!" crie-t-on aux chanteurs.
-" Ciribiribin !"
"Maria Mari!"
" L'Ora Squisita!" di Rinaldo Hahn! supplie une voix pâmée.

Et, soudain, des guitares vibrent. Lents, fragiles, les arpèges s'égrènent.Un ténor, dans la paix de la nuit, lance, comme un vol d'oiseaux paresseux, les strophes du doux lied nostalgique.

Elles planent au ras du canal;elles caressent les coeurs frémissants; et chaque note est un petit cygne qu'étreint, dans chaque gondole, au passage, une ardente et câline Léda .


Mariano FORTUNY MADRAZO (1871-1949) : Léda et le cygne.